Les neurosciences et les bénéfices réels du Yoga

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Nous savons tous que le yoga est bon pour nous, mais ses bénéfices réels ont-ils été révélés par la science? Depuis un certain temps, quand j’allais dans un cours de yoga, je me sentais comme si j’arrivais en plein coeur d’une série télévisée. Je connaissais l’essentiel de l’histoire et j’étais en mesure de suivre ce qui s’y passait. Par contre, ce n’est pas avant d’avoir entendu le professeur de yoga et spécialiste du mouvement humain Simon Thakur expliquer quelques détails par rapport ce que je choisi d’appeler «le début de l’histoire» que les choses ont vraiment commencé à faire du sens pour moi. 

 

  

Les fondements du Yoga

La pierre angulaire qui manquait à ma compréhension du Yoga était les objectifs derrière toutes les postures. Simon Thakur explique qu’une des fonctions essentielles du yoga est d'accroître la conscience partout dans le corps et plus particulièrement de se concentrer autour de l’axe central du corps, entre la colonne vertébrale et les organes. À partir d’ici, un aspect fondamental de la pratique du yoga peut commencer en éveillant l’aptitude de notre échine à se balancer d’avant en arrière et d’un côté à l’autre, de se tortionner, et d’éveiller cette aptitude pour chacunes des vertèbres prises individuellement. C’était la pierre de fondation que je cherchais. 

Comme si je retournais au tout début de la série télévisée que j’avais commencée à regarder par le milieu, j’ai découvert une nouvelle profondeur et une compréhension plus complète de tout ce que j’avais vu jusqu’à maintenant. Par exemple, il m’est apparu rapidement que cette augmentation de la flexibilité et de la force de la colonne vertébrale favorise la position assise tout en gardant l’échine bien alignée pour de longues périodes de temps, permettant ainsi d'accéder à un état de conscience plus élevé lors de méditation.

Un des aspects fondamentaux du yoga est l’éveil à la faculté qu’a la colonne vertébrale de se balancer et de se tortionner. Rapidement, j’ai compris que ce n’était que le sommet de l’iceberg des connaissances que Simon Thakur tentait de ramener à la surface. Thakur partage ses expériences, ayant passé de longues périodes à étudier des pratiques anciennes dans leur pays d’origine, tels que le yoga traditionnel Svastha en Indes ainsi que le Xingyi à Taiwan. Sa philosophie de 90% de pratique et 10% d’explication de la pratique a quelque peu fondue dans les dernières années, et j’ai été très chanceux de le voir lors d’une présentation publique plus tôt cette année où il partageait certains des piliers de sa pratique connue sous le nom d’ Ancestral Mouvement . C’est une combinaison d’anciennes pratiques traditionnelles, de notions de neurobiologie de pointe et de théorie de l’évolution, de même qu’un grand respect pour... disons... jouer à faire des singeries. Voici un aperçu de ce que j’ai appris à la conférence de Simon en février 2015.

 

 

En ressentant son propre corps, l’on ressent le monde entier

Dans mon propre corps je peut sentir ma respiration, et si je suis vraiment immobile je peux sentir les battements de mon coeur, et peut être même les pulsation de mon artère carotide. Au delà de ça, je ne ressens plus rien — et cet état est commun à la plupart des gens qui vivent dans le monde moderne. Les bienfaits du yoga stimulent l’éveil de l’habileté à sentir chacunes des vertèbres de manière indépendante, et il implique aussi l’augmentation de la capacité à ressentir toutes les parties du corps, tant internes qu’externes. Ce que la science a découvert c’est que l’amélioration de notre capacité à ressentir notre propre corps augmente aussi notre aptitude à ressentir, de manière empathique, le monde autour de nous.

«La tendance actuelle de l’humain à se déconnecter du monde naturel commence par la déconnection d’avec notre propre corps, résultat de notre héritage culturel — a un degré tel que la plupart des gens ne se rendent généralement pas compte de l’étendue de notre incapacité à ressentir notre propre corps.»

-Simon Thakur

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«La tendance actuelle de l’humain à se déconnecter du monde naturel»

 

Cartographie corporelle et neurones miroirs

Reconnue par les neurosciences, la psychologie et les sciences cognitives, la cartographie du corps (comme celle que l’on retrouve dans le cortex somesthésique) est cette partie du cerveau qui est parcouru d’un courant électrique lorsque nous ressentons quelque chose physiquement, ou lorsque nous imaginons que nous ressentons quelque chose. On la nomme cartographie parce que la partie qui s’allume pour notre main et juste à côté de celle qui s’allume pour notre avant bras, et ainsi de suite. Si un scientifique stimulait une de ces parties de notre cerveau avec un courant électrique, nous ressentirions une sensation dans la partie du corps correspondante, même si elle n’avait pas été touchée.

«Si nous pouvions accepter que la conscience que j’ai de mon corps n’est pas une chose fixe, elle peut changer, elle peut changer énormément... et je peux la changer, et ce que j’ai hérité de par ma culture n’est pas nécessairement la meilleure façon qui soit, alors je prends ça, et je peux utiliser n’importe quelle pratique provenant de n’importe quelle tradition, ou je peux créer ma propre pratique, n’importe quoi qui implique la stimulation, que ce soit par le mouvement ou par la conscience, toutes les petites parties distinctes de mon corps — peut-être débuter par la colonne vertébrale »

— Simon Thakur

La neuroplasticité c’est la faculté qu’ont notre cerveau et notre système nerveux de refaire leurs propres circuits selon ce sur quoi nous portons notre focus ou notre attention. Par exemple, lorsque nous pratiquons une posture particulière, la répétition crée plus de connections neuronales dans la partie qui y est associée sur notre cartographie corporelle dans notre cerveau. Plus de fibres nerveuses sont aussi créés le long de cette connection, à partir du système nerveux jusqu’à la partie du corps en question. Au fur et à mesure de cette pratique, notre habileté à percevoir plus d’informations subtiles s’améliore. Les neurones miroirs nous donnent la capacité de ressentir les sensations que nous ressentirions si nous faisions quelque chose, simplement en observant une autre personne le faire. Par exemple, si nous observons quelqu’un qui salue de la main, environ 15% des neurones dans notre propre cartographie corporelle, à proximité des aires de la main et du bras s’allumeront. L’étude des neurones miroirs a été largement associée à la science de l’empathie humaine.

 

 

Le yoga et la biologie de la compassion

Postureéquilibre

Lorsqu’on s’assoit sur une chaise à l’école ou au travail toute la journée et à tous les jours, nous perdons de notre flexibilité et de notre conscience des sensations dans notre échine dorsale, ainsi que dans la majorité de notre corps. Par contre, lorsque nous faisons une pratique comme celle du yoga, nous améliorons la précision neurologique de notre cartographie corporelle dans notre cerveau et dans notre système nerveux. Nous pouvons ressentir des détails plus subtils à l’intérieur de nous-même. Parce qu’il y a un plus grand volume de circuits neuronaux qui ont été construits dans notre système nerveux, nous pouvons ressentir plus d’informations. Cela veut aussi dire que comme nous améliorons la précision neuronale de notre cartographie corporelle, le 15% de neurones qui agissent en neurones miroirs s’améliorent, et 15% d’un plus grand volume de neurones est plus grand que le 15% de départ. En ressentant avec plus de précision à l’intérieur de nous-même, nous améliorons notre capacité à ressentir de l’empathie pour les autres.

«Plus nous développons une conscience de nos propre processus internes, plus nous pouvons nous apercevoir et sentir tous les signes — changement de teint, changement dans la posture de la cage thoracique, plus nous pouvons dire si les choses sont ok ou ne vont pas du tout chez une autre personne.»

— Simon Thakur

 

Nous sommes des animaux

Un des éléments fondamentaux de la pratique de l’ Ancestral Mouvement de Simon Thakur c’est la reconnaissance que depuis le début des temps, l’humain a fait l’exploration des mouvements physiques dans un contexte de nécessité pour sa survie. Sa théorie sous-tend que plus nous nous approchons de l’imitation de l’animal dans notre pratique, plus nous sommes en mesure de comprendre notre environnement via les réponses de nos neurones miroirs, nous fournissant des informations vitales concernant la nourriture, la chasse, et le monde naturel en général.

«Si nous prenons la colonne vertébrale comme exemple, et que nous pratiquons des mouvements qui ouvrent tous les segments de notre échine, alors la colonne est libre d’onduler, plutôt que de se mouvoir comme un bloc rigide; vous ressentez de l’empathie dans le sens que vous ressentez dans votre corps les mêmes sensations, comme si vous faisiez le mouvement vous même au moment où vous voyez une colonne se mouvoir. Les humains ne sont pas les seules créatures à avoir une colonne vertébrale. Les lézards sont vertébrés, les poissons aussi. Si nous n’avons pas une pleine conscience de chacune des parties de notre échine ainsi que de leur potentiel pour les mouvements ondulatoires, lorsque nous voyons un lézard se mouvoir, la partie de notre cerveau qui concerne notre colonne vertébral ne sera pas très active. Tandis que si vous avez une pratique impliquant des mouvements ondulatoires de la colonne et qui engage votre axe central et chacune des vertèbres de votre échine, à ce moment lorsque vous voyez un lézard en mouvement, les vertèbres (dans votre tête) s’excitent et vous sentez à quel point vous êtes dans le lézard et combien le lézard est en vous.»

— Simon Thakur

Je suis sorti de la conférence de Simon en réalisant que toutes les cultures indigènes qui parlent de faire partie de la nature et de ne pas en être séparé ont maintenant un fondement biologique pour cette croyance animiste très réelle. 

 

Traduction libre de : Neurosscience and the True Purpose of Yoga from Jonathan Davis